Paris
Auteur de textes à lire et dire et jouer,intervient dans un lieu consacré à l'action culturelle et à la production: LE LOCAL: 18 rue de l'Orillon - 75011. Réalisations récentes: Nasr eddin Hodja avec Salah Teskouk, mise en scène de Gabriel Debray (Le local 2006) Ô Belleville par l'atelier de théâtre contemporain du Local (juin 2007- mise en scène de Gabriel Debray) Tout ça n'empêche pas Nicolas, par les mêmes, juin 2008 les tribulations d'Orphée juin , octobre 2009 ------------------------------------- Pour contacter: cliquer sur le lien "afficher le profil complet"

mercredi 19 septembre 2007

L'homme tronc

Et ça recommence,
Et pourquoi faut-il
Nom de nom
Que je m’obstine à regarder
Ces foutues zinformations
Alors que je sais pertinemment
Que je vais m’énerver bêtement
Avec un sentiment d’impuissance agaçant,
Pour savoir
Oui pour savoir
Mais ça c’est l’alibi que je me trouve,
En fait je suis fasciné,
Happé
Dévoré
Gobé
Par l’immonde créature chimérique
Je suis accaparé
Baal-hamon mène le bal
Baal Moloch
Veut des sacrifices
Baal zebuth audimat
Veut se gaver d’âmes
Je suis sa victime consentante
Et l’homme tronc gominé
Idole mièvre maquillée
Continue à égrener
Doucereusement
La litanie des faits-divers,
La violence dans les écoles,
Dans les quartiers
Sur les plages
Sur les pavés
Le moindre fait est relevé
Examiné
Exhibé
A satiété
A volupté
A grands renforts
D’images nocturnes infernales
Ensoufrées
Enflammées
Enfumées
Sanglantes
Mordorées
Confuses
Et maintenant la météo
C’est la saison du blanc
Un quart d’heure de banalités éculées
Sur la neige, les routes bloquées
Le calvaire, le CALVAIRE,
Des automobilistes pris dans la tourmente,
Un reportage sur les malheureux
Naufragés, NAUFRAGES de la route
Obligés de dormir une nuit,
UNE NUIT,
Dans des gymnases chauffés,
Rapidement on enchaîne
Un tremblement de terre en Indonésie,
Images à peine esquissées
Esquivées
D’immeubles effondrés
Et de sauveteurs en cirés,
Puis on passe,
La campagne électorale
Avec gros plan saisissant
De Sarko-nabot
Napo-Sarko
Souriant
Prenant son bain populaire
Et s’enivrant
Du parfum exotique
De la sueur du travailleur
Dans un atelier industriel,
Reportage pour finir
Sur le show
D’une quelconque bimbo pasteurisée
Qui chuinte comme un porcelet
Et déclenche les ovations énamourées
D’un public préadolescent,
Puis remétéo,
La neige encor
Et des conseils de prudence,
Appelez le 115
N’hésitez pas
Mais la neige ne suffit pas
Elle est rare
Clairsemée
Et sans transition
L’on s’attendrit
Sur les sports d’hiver
Sinistrés
SINISTRES
Et en plus
Et pour finir
Il nous remercie
De l’avoir écouté
Cet enfoiré,
Et alors là c’est la honte,
L’angoisse,
Je me repens,
Oui je me repens,
C’est comme pour le tabac,
C’est du pareil au même,
On voudrait s’en défaire
Et on en redemande,
Rien à faire,
Je suis accro,
Intoxiqué,
Empoisonné
À mort,
On m’a tripatouillé
La cervelle,
On m’a clouté
Des saloperies
Dans la conscience,
On y a agrippé
Des ventouses,
Des satanées sangsues immondes,
Des sangsues souriantes gominées,
Maquillées,
Pomponnées,
Policées,
Et je regarde
Mes chats qui pioncent sur le canapé
Peinards,
Heureux,
Oui je crois qu’ils sont heureux,
Parce qu’ils ne savent pas,
On ne peut même pas dire
Qu’ils s’en foutent,
Ils ne savent pas,
Ils prennent le temps
Et encore
Ils ne connaissent pas le temps,
Non ils sont là,
Ils profitent,
Jouisseurs sans vergogne,
Et en plus je crois qu’ils rêvent,
Et je suis jaloux
De leur sagesse,
Le nirvana a,
C’est ça le nirvana a,
S’il y avait un dieu
Je lui demanderais d’être chat,
Mais y’a pas de dieu
Et j’en ai la preuve,
Quel dieu,
Quel dieu,
Car comme chacun sait
Le dieu unique est bonté,
Quel dieu aurait voulu inventer
Un monde dans lequel
On est contraint de supporter
Les zinformations,
L’homme tronc
Est la preuve vivante et suffisante que dieu n’existe pas,
Il est une démonstration vivante
De la nécessité d’être athée
Et c’est d’ailleurs sa seule utilité,
Contempler l’homme tronc
C’est comprendre
Que l’homme est seul face à l’univers,
C’est réaliser
Son absolue solitude et son dénuement,
L’homme tronc doit ramener
Tout individu doué
D’un minimum de raison
À l’humilité
De sa condition,
Non l’homme n’est pas au centre
Ni au sommet
De la création,
Il n’y a pas de création
Il est un accident
De la nature,
Une tumeur dégénérative,
Une bavure,
Et certaines bavures
Bavent davantage que d’autres,
Où bavassent,
Bavardent,
Bavochent
Et je comprends alors
Pourquoi je regarde
Les zinfos,
Je regarde le miroir
Qui me renvoie une image
Vraie
De ce que je suis,
Un être imparfait,
Fragile,
Faible,
Flou,
Flasque,
Fugitif,
Fourbe,
Fou,
Foireux
Merci
À l’homme tronc
Pour m’avoir ainsi démontré
La forme entière
Et vraie
De l’humaine condition.

Du sens de l’expression : quand les poules auront des dents

Du sens de l’expression : quand les poules auront des dents.

En ce temps là les escargots n’avaient pas de cornes, les kangourous n’avent pas de poches, les girafes n’avaient pas de taches, les agents n’avaient pas de képis (qu’ils ont d’ailleurs récemment perdus, mais c’est une autre histoire) mais les poules avaient des dents, de très grandes dents d’ailleurs, des dents en or, en argent, et même parfois en diamant. Cependant, comme les échanges économiques étaient très réduits, ni l’or, ni l’argent, ni les diamants n’étaient recherchés, ce qui fait que les poules vivaient très heureuses et qu’on leur laissait la paix.
Bien des siècles ont passé et même des millénaires, les escargots maintenant ont des cornes, les kangourous ont des poches, les agents ont eu des képis, mais les poules n’ont plus de dents. Par contre elles pondent des œufs qui sont très recherchés, elles ont perdu leur tranquillité et vivent dans des poulaillers, ce qui n’est pas toujours bien agréable ; mais elles n’ont pas perdu espoir et elles attendent le temps, l’heureux temps où, à nouveau, les poules auront des dents !