Paris
Auteur de textes à lire et dire et jouer,intervient dans un lieu consacré à l'action culturelle et à la production: LE LOCAL: 18 rue de l'Orillon - 75011. Réalisations récentes: Nasr eddin Hodja avec Salah Teskouk, mise en scène de Gabriel Debray (Le local 2006) Ô Belleville par l'atelier de théâtre contemporain du Local (juin 2007- mise en scène de Gabriel Debray) Tout ça n'empêche pas Nicolas, par les mêmes, juin 2008 les tribulations d'Orphée juin , octobre 2009 ------------------------------------- Pour contacter: cliquer sur le lien "afficher le profil complet"

samedi 16 juin 2007

Nuit de décémbre

La nuit était déjà tombée depuis longtemps. Il soufflait un petit vent froid qu’accompagnait une pluie fine et pénétrante. C’était une nuit de décembre sans neige. Sur les trottoirs gelés les derniers passants tentaient de se hâter, à petits pas pressés, d’une démarche hésitante. La rue ne les retenait pas présentant peu d’attraits. Les immeubles modestes et peu élevés n’abritaient ni vitrine ni bar accueillant. Le vingtième arrondissement est un gros village, il suffit de s’écarter du centre commerçant pour se retrouver en province.

Trois petits enfants noirs avaient trouvé refuge dans l’encadrement d’une ancienne porte cochère : deux très petits garçons et une fillette d’une dizaine d’années, visiblement leur sœur aînée, âgée d’une dizaine d’années au plus. Chaque garçon lui donnait une main et tous trois scrutaient le ciel en l’espoir d’une improbable accalmie.

Que faisaient-ils dehors à cette heure ?

Des gens passaient sans les voir ou les voyaient et passaient. Trois petits enfants noirs seuls dans la rue, le spectacle est commun dans cet arrondissement, mais en hiver, à onze heures du soir et sous la pluie…

Bientôt les fenêtres s’éteignaient les unes après les autres, on fermait la télé, on allait se coucher. On n’entendait que les bruits, de plus espacés, des rares voitures qui semblaient glisser dans la nuit, les faisceaux de leurs phare éclairant fugitivement les silhouettes maintenant tassées, gelées, recroquevillées sous le porche, noires dans la nuit noire.

Il n’y eut aucun miracle, bien que nous fussions à quelques jours de noël. Il n’y eut rien de notable non plus qui eût pu nourrir la rubrique des faits divers dans les journaux télévisés.

A minuit quinze leur mère arriva, qui faisait des ménages dans des immeubles de bureaux. La fillette avait oublié de prendre les clefs en partant à l’école. Les trois enfants et leur mère s’engouffrèrent promptement dans l’entrée d’un atelier désaffecté, et nous n’en saurons pas plus.